Le photographe créatif ne s’intéresse pas à se souvenir de la réalité, mais à quelles émotions il a ressenti lors de sa prise de vue.

Comme toutes les formes d’expression artistique, votre véritable objectif doit être de capturer et partager les émotions les plus intenses que vous avez éprouvées.

Ne pensez pas que l’expression des émotions soit réservée aux seuls artistes photographes.

Même lorsque votre “public” n’est que le cercle de votre famille et de vos amis, pouvoir exprimer vos émotions en image alors qu’elles sont tirées d’événements intimes, c’est produire de formidables effets sur la beauté de vos photos.

Mais quelle est la nature des émotions et à quoi servent-elles ? Est-il vraiment possible de les définir simplement ? Peut-on exprimer toutes les émotions en photographie ? N’est-il pas contradictoire de vouloir maîtriser les techniques photographiques et l’expression des émotions ?

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La roue de Plutchik : le catalogue de nos émotions

Le psychologue américain Robert Plutchik a passé sa vie à analyser, comprendre et modéliser les émotions chez l’homme. Il a donné naissance à une remarquable théorie où les émotions sont représentées sur une roue, comme celle de la théorie des couleurs bien connue en peinture.

Cette roue est composée de 8 émotions primaires. Les émotions primaires ont différentes intensités : les plus intenses sont au centre, les moins intenses à la périphérie de la roue.

Roue des émotions (émotions primaires)
La roue des émotions de Plutchik ici représentée uniquement avec les 8 émotions primaires dans leurs 3 niveaux d’intensité. © Amaury Descours

Les émotions primaires sont les émotions primordiales à la vie : ce sont celles qui ont permis la survie et la reproduction des animaux et des hommes, et les ont suivis tout au long de leur évolution.

Ainsi, la terreur nous pousse à fuir, la rage nous rend plus fort pour combattre un adversaire, la joie nous incite à renouveler l’acte qui la fait naître, l’aversion à ne pas manger ce qui est repoussant, l’admiration à suivre le chef qui nous guidera, etc.

Ces émotions primaires sont également opposées 2 à 2 et disposées sur des couleurs complémentaires :

  • joie / tristesse,
  • confiance / dégoût,
  • peurcolère,
  • surprise / anticipation.

D’autres émotions se rajoutent à la roue des émotions primaires. Il y a les émotions qui sont la combinaisons de 2 émotions adjacentes : ce sont les dyades primaires.

Roue des émotions (dyades primaires)
La roue de Plutchik avec les émotions primaires se combinant 2 à 2 en dyade primaire. © Amaury Descours

Les dyades primaires sont :

  • joie + confiance = amour
  • confiance + peur = soumission
  • peur + surprise = crainte
  • surprise + tristesse = désapprobation
  • tristesse + dégoût = remords
  • dégoût + colère = mépris
  • colère + anticipation = agressivité
  • anticipation + joie = optimisme

Il y a ensuite les émotions qui combinent 2 émotions primaires adjacentes mais séparées d’une émotion : ce sont les dyades secondaires.

 

Roue des émotions (dyades secondaires)
La roue de Plutchik avec les émotions primaires se combinant 2 à 2, séparées d’une émotion en dyades secondaires. © Amaury Descours

Les dyades secondaires sont :

  • joie + peur = culpabilité
  • confiance + surprise = curiosité
  • peur + tristesse = désespoir
  • surprise + dégoût = horreur
  • tristesse + colère = envie
  • dégoût + anticipation = cynisme
  • colère + joie = fierté
  • anticipation + confiance = fatalisme

Enfin, il y a les émotions qui combinent 2 émotions primaires adjacentes mais séparées de 2 émotions : ce sont les dyades tertiaires.

Roue des émotions (dyades tertiaires)
La roue de Plutchik avec les émotions primaires se combinant 2 à 2 séparées de 2 émotions en dyades tertiaires. © Amaury Descours

Les dyades tertiaires sont :

    • joie + surprise = ravissement
    • confiance + tristesse = fadeur
    • peur + dégoût = honte
    • surprise + colère = indignation
    • tristesse + anticipation = pessimisme
    • dégoût + joie = morbidité
    • colère + confiance = domination
    • anticipation + peur = anxiété

Ainsi, la roue de Plutchik permet de représenter en 48 émotions, une palette particulièrement complète de ce que chacun peut ressentir à un moment ou un autre de sa vie.

Cette roue montre également les principes de relation qui permettent de décomposer les émotions et le rôle central des émotions primaires dans ces combinaisons.

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Pourquoi une photo réussie est une photo émotionnelle

Plutchik a démontré que les 8 émotions primaires sont intiment liés à notre instinct de survie.

Lorsque vous recherchez une charge émotionnelle intense, vous voulez satisfaire en fait votre besoin de vous sentir en vie. Lorsque vous ressentez des émotions, vous vous sentez encore plus vivant.

Comme toutes les formes d’art, la photographie peut satisfaire notre appétit émotionnel. Si une photo déclenche des émotions intenses, alors elle est nécessairement réussie car elle répond à notre désir pour la vie.

Mais comment en tant que photographe pouvez-vous y arriver ?

Comment traduire les émotions en photographie

Tout d’abord, la roue de Plutchik vous montre que vous pouvez vous concentrer sur les 8 émotions primaires. Par combinaison de vos émotions primaires, vous pouvez évoquez un bouquet d’émotions plus large d’émotions secondaires ou tertiaires.

En ce sens, vous photographe êtes comme le peintre qui à partir de 4 couleurs primaires -cyan, magenta, jaune et blanc- est capable de représenter toutes les nuances de couleur.

De plus, vous pouvez renforcer la valeur émotionnelle de votre photo en jouant sur l’harmonie des émotions, comme vous joueriez sur l’harmonie des couleurs.

Tout ce qui s’applique à la théorie des couleurs peut se transposer à la théorie des émotions de Plutchik. Vous pouvez faire une photo avec des émotions adjacentes, comme un camaïeu coordonné de couleurs proches.

Ou vous pouvez également mettre en tension votre photo avec des émotions opposées, comme si vous utilisiez des couleurs complémentaires.

Enfin, vous pouvez surtout jouer sur les techniques photographiques pour isoler et accentuer les émotions primaires que vous avez ressenties.

Allez dans ma section Par où commencer pour découvrir les techniques qui ont un impact émotionnel sur vos photos.

Qu’en pensez-vous ?

La roue de Plutchik vous aide-t-elle à mieux comprendre vos émotions ? Trouvez cette théorie trop complexe ou trop simpliste ?

Laissez-moi votre commentaire, j’y répondrai avec plaisir.

Vous aimez ce que vous avez lu ? Partagez cet article avec vos proches !

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Comments

  1. Vraiment, j’attends la suite avec impatience. C’est une bonne mise en compréhension de mon projet photo. J’attends maintenant un peu plus de mise en pratique pour le parfaire.
    Merci Armaury.

    1. Merci Alain ! Je suis ravi que cela puisse vous aider dans votre pratique de la photo. Merci également de vous être abonné à ma newsletter, vous recevrez toutes mes idées pour que vos photos vous ressemblent ! À très vite

  2. Pour moi, je préfère en photo dire que il y a le sujet et son environnement qui est sa force et sa raison d’existé;
    C’est l’énergie qui s’oppose à ce qui lui donne naissance (loi de Lenz bien connue des électriciens)
    Le flou et le net, le noir et blanc, les couleurs.
    C’est simple 1/2 + 1/2 = 3 sous ensembles; oui en couple nous disons ma moitié or 1 existe que par la même sommes de droit que son opposé.

    .

    1. Autant je suis d’accord pour dire que l’énergie existe dans la nature sans qu’aucun humain est besoin d’exister ou d’intervenir, autant une photo n’a aucun sens pour autre chose qu’un humain.

      Une photo, ce n’est finalement qu’une purée de pixels. Ce n’est que parce que notre cerveau fait l’effort de chercher du sens, qu’une photo devient autre chose que la somme de ses points.
      Alors oui, on verra un sujet, un univers, des contrastes et quantité d’autres choses.
      Mais tout cela, ce n’est que le cerveau de l’observateur qui en décide.
      Ce que démontrent les neurosciences, c’est qu’en cherchant une signification, notre cerveau le fait avec ce qu’il voit mais aussi en imaginant ce qu’il sent, ce qu’il entend, ce qu’il touche, ce qu’il goûte. Mais aussi avec son niveau d’énergie et son humeur.
      Quand on combine toute cette perception et cette interoception (la perception de l’état de notre corps), le cerveau conceptualise…une émotion !

      Alors je persiste et je signe : une photo sans émotion, ça n’existe pas 😀

      Et le seul moyen de vraiment faire des photos irrésistibles, c’est de partager votre émotion.

      Toutes les meilleures techniques en photographie ne concourent qu’à ce but.

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