Un appareil photo est limité dans sa capacité à enregistrer la bonne quantité de luminosité pour faire une image : c’est le problème de l’exposition.
S’il y a trop de luminosité, l’image sera trop claire ou blanchie (photo sur-exposée). S’il n’y a pas assez de luminosité, l’image sera trop sombre ou noircie (photo sous-exposée).
Mais au-delà de savoir comment contrôler l’exposition, il est en fait plus important de comprendre pourquoi vous devez choisir une exposition normale, ou sous-exposée ou sur-exposée. En effet, tout est question d’émotion que vous voulez capturer dans votre photo.
Je vais partager avec vous :
- pourquoi le réglage de l’exposition est en fait une contrainte créative
- quelles émotions sont créées par l’exposition normale, la sous-exposition et la sur-exposition d’une photo
- comment régler l’exposition avec l’ouverture, la vitesse et la sensibilité ISO
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Pourquoi le réglage d’exposition de votre appareil photo est une contrainte créative
En 2018, soit presque 200 ans après l’invention de la photographie, il y a encore des bizarreries que la technologie moderne n’a pas encore su gommer. Le besoin de devoir encore gérer l’exposition de son appareil photo en est une !
Le coeur du problème, c’est le capteur de votre appareil photo. Naïvement, on pourrait espérer qu’un appareil photo moderne enregistre une image aussi bien que notre oeil : de nuit comme en pleine journée.
Mais malheureusement, un capteur photo est limité par 2 choses :
- Un capteur doit recevoir un minimum de lumière pour comprendre qu’il capte autre chose que l’obscurité
- Un capteur ne peut pas recevoir trop de lumière, sinon il sature et vous fait croire qu’il y a une lumière éblouissante totalement blanche
Ni trop, ni trop peu donc. Ces limites bornent ce que l’on appelle la plage dynamique de votre capteur photo. La plage dynamique est la capacité de votre capteur à enregistrer des lumières très faibles en même temps que des lumières très fortes.
Notre oeil associé à notre cerveau a une plage dynamique qu’aucun appareil photo grand public ne peut surpasser. On estime en effet que sa plage dynamique est le double des meilleurs appareils photo du marché.
Votre appareil photo en étant deux moins capable que notre oeil a besoin de votre aide de photographe pour voir en faible luminosité ou très forte luminosité : c’est le réglage de l’exposition. Mais vous allez le voir, cette contrainte est en fait un formidable outil créatif au service de vos émotions.
Les émotions liées à une exposition normale
Une photo avec une exposition normale (standard ou équilibrée) va laisser intact les émotions qu’elle dégage. L’exposition normale est neutre vis-à-vis des émotions. Mais encore faut-il que votre photo dégage les émotions que vous souhaitez.
Si votre sujet est peu expressif, et qu’aucune autre émotion n’est renforcée par votre composition, ni votre lumière, ni votre développement, ni votre présentation, alors une exposition normale peut être néfaste. Votre photo apparaît alors extrêmement banale, ou pire ratée, et susciter des émotions négatives comme :
- Ennui, Dégoût ou même Aversion
- Fadeur
- Contrariété
- Mépris
- Désapprobation
Les émotions liées à une sous-exposition
Une photo avec une sous-exposition est plus sombre qu’avec une exposition normale. Elle va provoquer des émotions plus interrogatives, plus sourdes voire négatives. Il y a d’abord des émotions subtiles comme :
- la curiosité,
- l’anticipation,
- l’appréhension,
- la songerie,
- la contrariété,
- l’ennui
ou des émotions plus intenses comme :
- la peur,
- la tristesse,
- la colère,
- le dégoût,
- la domination, la fierté,
- le cynisme, le mépris, la morbidité,
- le pessimisme, le remords,
- la crainte, l’anxiété, la honte,
- l’indignation.
Les émotions liées à une sur-exposition
Une photo avec une sur-exposition est plus claire et lumineuse qu’une exposition normale. Elle va susciter des émotions positives comme :
- la joie,
- la confiance,
- l’anticipation,
- l’optimisme, l’amour,
- la surprise,
- le ravissement,
- la curiosité
Comme vous pouvez le voir, la sous-exposition et la sur-exposition ont des effets très marqués sur les émotions que vous voulez transmettre en photo.
Savoir régler l’exposition avec l’ouverture, la vitesse et la sensibilité
Le triangle d’exposition
La quantité de lumière que vous enregistrez pour votre photo est soumise à votre réglage d’exposition.
L’exposition dépend de 3 paramètres interdépendants :
- Ouverture
- Vitesse d’obturation
- Sensibilité ISO
Ces 3 paramètres sont souvent appelés le triangle d’exposition.
L’ouverture régule la quantité de lumière qui entre dans votre objectif à travers le diaphragme. Le diaphragme agit comme la pupille de votre œil qui est plus ou moins dilatée en fonction de la luminosité.
La taille universelle d’une ouverture s’exprime en fraction de la longueur focale f de votre objectif et selon une échelle typique avec les « crans » suivants :
Ces fractions ne sont pas établies au hasard : la fraction inférieure laisse passer 2 fois moins de lumière qu’une fraction donnée. Et la fraction supérieure 2 fois plus de lumière qu’une fraction donnée.
Par exemple, f/2 fait entrer 2x plus de lumière que f/4, mais 2x moins de lumière que f/1,4.
La vitesse d’obturation désigne avec quelle rapidité le capteur de votre appareil photo enregistre la lumière. La vitesse est en fait le temps d’exposition du capteur à la lumière. Elle s’exprime en fraction de seconde, selon une échelle typique avec les « crans » suivants :
Cette échelle est assez logique :
- Plus le temps d’exposition est court, moins le capteur reçoit de la lumière
- Plus le temps d’exposition est long, plus le capteur reçoit de la lumière.
Par exemple à 1/125 s, le capteur reçoit 2x plus de lumière qu’à 1/250 s mais 2x moins de lumière qu’à 1/60 s.
La sensibilité ISO est le niveau d’amplification de la lumière reçue par le capteur de votre appareil photo.
L’électronique du capteur peut soit prendre l’information de luminosité telle quelle sans l’amplifier, c’est la sensibilité ISO dite native du capteur.
Soit l’électronique du capteur augmente l’information de luminosité. La sensibilité ISO est alors augmentée.
L’échelle standard des sensibilités ISO est avec les « crans » suivants :
Là encore, cette échelle n’est pas faite au hasard :
- Une sensibilité inférieure à une sensibilité donnée fait une photo 2x moins lumineuse.
- Une sensibilité supérieure à une sensibilité donnée fait une photo 2x plus lumineuse.
Par exemple, 100 ISO donne une photo 2x plus lumineuse que 50 ISO mais 2x moins lumineuse que 200 ISO.
Augmenter la sensibilité ISO, c’est comme augmenter le volume de votre radio. Mais si votre station radio est très faible, vous allez entendre des parasites.
En photographie, quand il y a peu de lumière et que l’on augmente beaucoup la sensibilité ISO, les « parasites » deviennent visibles dans l’image. On parle alors de bruit numérique.
Les équivalences d’exposition
Les équivalences d’exposition permettent de conserver la même exposition tout en changeant d’un cran un des 3 paramètres d’exposition, si un autre paramètre change également d’un cran, mais en sens opposé.
Par exemple, si votre photo a une exposition :
f/8 1/125 s 100 iso
et que nous superposons les 3 échelles des paramètres d’exposition comme ceci :
Si vous augmentez la sensibilité à 200 ISO, vous avez une photo 2x plus lumineuse si vous ne changez pas la vitesse, ni l’ouverture.
Si vous voulez conservez la même exposition avec 200 ISO, vous devez avoir 2x moins de luminosité en diminuant soit le temps d’exposition :
soit l’ouverture :
Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous mieux compris ce qu’est l’exposition en photographie et ses effets émotionnels ? Les relations entre ouverture, vitesse et sensibilité sont-elle plus claires pour vous ?
Laissez-moi votre commentaire, j’y répondrai avec plaisir.
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